La sophrologie au service des personnes âgées : un allié pour bien vieillir
- pmpacaud
- 21 févr.
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Dernière mise à jour : 10 avr.
Au 1ᵉʳ janvier 2025, la France comptait 68,6 millions d'habitants dont 26,1 % avaient 60 ans ou plus. Avec une espérance de vie de 85,6 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes, cette proportion devrait atteindre 33 % en 2050. Mais, si la population française vieillit… vieillit-elle bien ? Selon le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, la majorité des personnes âgées vieillissent dans de bonnes conditions de santé jusqu’à 80 ans. Les manifestations de la vieillesse peuvent cependant varier sensiblement en fonction de l’hygiène de vie, des prédispositions génétiques, du contexte social ou environnemental.
Toutefois, depuis le départ à la retraite jusqu’à la fin de vie, les personnes âgées vivent de nombreux bouleversements, souvent difficiles à gérer. Elles doivent en effet s’adapter pour trouver une nouvelle place dans la société, dans leur famille et dans un nouveau lieu de vie, tout en étant confrontées à la perte progressive de leur indépendance, voire de leur autonomie.
Ainsi, de nombreuses personnes âgées appréhendent la solitude, redoutent la maladie, souffrent de ne plus être utiles aux autres, perdent confiance en l’avenir, et se replient peu à peu sur elles-mêmes. Face à cela, la sophrologie s’avère être d’une aide précieuse pour leur permettre de surmonter ces épreuves, de mieux accepter les transformations physiques et mentales liées au vieillissement, de retrouver un bien-être quotidien, d’avoir de nouveau confiance en l’avenir, et de tout simplement vieillir dans de meilleures conditions.
Qui sont les personnes âgées ?
Alors que l’âge légal du départ en retraite fait plus que jamais débat en France, la définition d’une "personne âgée" varie selon le contexte. L’INSEE considère qu’une personne est “âgée” à partir de 60 ans. Sur le plan juridique et institutionnel, certaines aides sociales sont accessibles dès 60 ans alors que d'autres seuils sont fixés à 65 ou 70 ans, comme certaines exonérations fiscales.
En France on retrouve souvent une classification en trois catégories d’âge :
- Les “jeunes seniors” de 60 à 74 ans qui correspondent aux personnes encore actives ou récemment retraitées, généralement en bonne santé et qui mènent une vie relativement autonome. 
- Les 75–84 ans qui commencent à devoir faire face aux défis liés à la perte d'autonomie et aux premières fragilités de santé, et qui peuvent nécessiter un suivi médical plus fréquent et une adaptation de leur cadre de vie. 
- Les 85 ans et plus qui sont plus vulnérables, souvent dépendants et qui nécessitent des soins spécifiques avec des besoins importants en termes de prise en charge et d’accompagnement. 
Les conséquences du vieillissement sur l’organisme
Le dictionnaire Larousse® définit le vieillissement par un “affaiblissement naturel des facultés physiques et psychiques dû à l'âge”. Les facteurs biologiques du vieillissement résultent des altérations cellulaires subies par l’organisme tout au long de sa vie, qui se manifestent tant au niveau corporel que cérébral.
Sur le plan corporel, les conséquences du vieillissement sont nombreuses et affectent la peau (rides, tâches, déshydratation), les muscles (atrophie, baisse du tonus musculaire), les articulations (dégénérescence cartilagineuse, perte d’élasticité ligamentaire), les os (déminéralisation, fragilisation, déformation), le système respiratoire (augmentation de la fréquence cardio-respiratoire), les capacités sensorielles (dégradation de l’ouïe et de la vue) ou encore le sommeil (réveils nocturnes, apnée du sommeil, syndrome des jambes sans repos, somnolence). Ces transformations physiques impactent directement la vitalité et le tonus , les capacités motrices (coordination des mouvements, maintien de l’équilibre, maladresse), la perception de son environnement ou encore les aptitudes à communiquer.
Sur le plan cérébral, le vieillissement a pour principales conséquences de réduire la vitesse de transmission des influx nerveux et d’affecter la qualité des neurotransmetteurs. Il engendre alors une diminution des capacités cognitives de la personne âgée. Parmi les principaux troubles cognitifs, nous pouvons citer les troubles de l’attention et de la concentration, les troubles de la mémoire (saisie, consolidation et stockage de l’information), ou encore la maladie d’Alzheimer qui est une maladie dégénérative du cerveau entraînant une disparition progressive et irréversible des cellules nerveuses.
Les conséquences du vieillissement sur la socialisation
Les “jeunes seniors” sont confrontés au premier marqueur fort du vieillissement sur le plan social : le départ à la retraite. Si chaque individu a eu une carrière et un rapport au travail qui lui sont propre, certains ont plus de mal que d’autres à accepter l'arrêt de leur activité professionnelle et à s’adapter à ce nouveau statut social de “personne inactive”. Bien souvent, en marge de la “liberté” éprouvée dans les premiers temps de la retraite, un sentiment d’inutilité se développe chez les nouveaux retraités.
À ce changement de statut social, s’ajoute le changement de statut familial. L’âge de la retraite rime souvent avec l’entrée dans la grand-parentalité ou amène à investir davantage son statut de grand-mère ou de grand-père. Cela induit d’accepter que ses propres enfants sont devenus parents et participe à une certaine perte de repères.
Enfin, les conséquences physiques et cérébrales du vieillissement peuvent également avoir des conséquences en termes de socialisation. La diminution des capacités motrices, la difficulté à communiquer, les troubles de la mémoire ou du caractère sont autant d’éléments qui viennent créer de la distance avec l’environnement relationnel, amical et familial. Cela peut conduire aussi à une perte d’autonomie qui amène à quitter son domicile au profit d’une institution. Tous ces facteurs favorisent le développement d’un sentiment de solitude chez la personne âgée.
Les conséquences du vieillissement sur le mental
La conjonction des conséquences physiologiques et sociales du vieillissement engendre de nombreuses transformations auxquelles doit faire face une personne âgée. Si chaque individu est unique, certains ont les ressources nécessaires pour affronter ces changements avec sérénité. D’autres traversent une “crise de l’âge ou du grand âge” étudiée notamment par le psychogériatre, psychanalyste et psychiatre Pierre Charazac. Celle-ci déclenche chez la personne âgée une réévaluation de ses capacités et de l’estime de soi pouvant engendrer différents comportements psychologiques comme le refus (négation des manifestations du vieillissement), le déséquilibre (ambivalence des ressentis du vieillissement) ou le désespoir (perte du goût de vivre).
À cette crise de l’âge vient s’ajouter l’expérience du deuil - qu’il soit physique, affectif, social ou financier - qui engendre des sentiments mêlés de nostalgie, de tristesse ou de solitude. Ces conséquences psychologiques du vieillissement affectent alors durablement l’image et l’estime de soi, développent l’anxiété, favorisent un repli sur soi, et peuvent mener jusqu’à la dépression.
Comment la sophrologie aide les personnes âgées à bien vieillir
Pour les personnes âgées comme pour les autres publics, rappelons d’abord que la sophrologie ne se substitue en aucun cas à un traitement médical et/ou à un suivi psychologique, mais intervient toujours en complément de ceux-ci. Mais, si la sophrologie ne “guérit” pas à proprement parler, elle s'avère être d’une aide précieuse pour faire face aux effets du vieillissement et aider les personnes âgées à bien vieillir.
Nous ne reviendrons pas ici sur ce qu’est la sophrologie (voir l’article) ou comment elle se pratique (voir l’article), mais nous dresserons un panorama des applications possibles de la sophrologie aux problématiques des personnes âgées. Avant cela, précisons que les exercices proposés sont adaptés, doux, et requièrent peu d’efforts physiques. Les exercices de relaxation dynamique consistent à relâcher progressivement les tensions corporelles à partir d’un travail mené sur la respiration. Ils sont suivis d’une phase de relaxation statique au cours de laquelle la personne ferme les yeux pour se laisser guider par la voix du sophrologue.
Lorsqu'elle est adaptée aux personnes âgées, la sophrologie a pour principal enjeu de les guider vers l'acceptation de leur âge et de leurs changements physiques, tout en révélant les possibilités qui s’offrent à elles. Les prises de conscience favorisées par la pratique de la sophrologie amènent un nouveau regard sur soi-même et réconcilient vieillissement et bien-être. Car oui, une personne âgée peut se sentir mieux au quotidien, peut vivre de manière plus apaisée, vieillir en forme tout en étant heureuse !
- Gestion du stress et de l’anxiété- En guidant les personnes âgées vers une meilleure écoute de leur corps et de leurs sensations, la sophrologie permet d’apprendre à mieux gérer les situations stressantes de la vie quotidienne et à cultiver un état de calme intérieur. Les exercices de respiration, relaxation et visualisation positive permettent ainsi de prendre du recul pour mieux gérer les effets de ce stress sur le corps et le mental. 
- Gestion de la douleur- Qu’elle soit chronique ou aiguë, au-delà des symptômes physiques (oppressions, crispations…), la douleur s’accompagne de craintes et d’angoisses. En activant des pensées positives et des sensations apaisantes, en travaillant sur la respiration et en détendant le corps et l’esprit, la pratique de la sophrologie permet de se détourner de la douleur et d’en limiter les effets. Elle est d’ailleurs souvent utilisée en renforcement des traitements médicaux. 
- Amélioration du sommeil- Entre réveils nocturnes, ruminations, apnées du sommeil et syndrôme des jambes sans repos, la durée et la qualité du sommeil des personnes âgées sont souvent impactées, nuisant à la récupération de l’organisme et favorisant les troubles de l’humeur. La sophrologie donne de nouvelles clés pour renouer avec un sommeil de qualité. Elle prépare au sommeil grâce à des exercices de relaxation et de respiration, corrige les mauvaises habitudes de coucher, et agit sur la crainte d’une mauvaise nuit grâce à la visualisation positive. 
- Prévention des troubles cognitifs- En marge des effets bénéfiques sur le cerveau de la diminution du stress et de l’amélioration du sommeil, la sophrologie permet de stimuler la concentration et la mémoire à travers des exercices spécifiques. En améliorant la détente et la relaxation, elle permet de mieux se concentrer, un pré-requis essentiel à une meilleure mémorisation. En stimulant les 5 sens, elle développe les perceptions des personnes âgées et les capacités de mémorisation qui y sont associées. Tout cela favorise une meilleure performance dans les activités intellectuelles et contribue à la prévention des troubles cognitifs. 
- Amélioration de la mobilité et de l’équilibre- En proposant des exercices de relaxation dynamique avec des mouvements doux et adaptés, la sophrologie accompagne les personnes âgées vers la prise de conscience de leur corps. En relâchant les tensions et les crispations, et en détendant chaînes musculaires et articulations, elles se “reconnectent” ainsi à leur corps et réapprivoisent leurs mouvements et leur coordination. À la clé ? Une meilleure confiance dans ses gestes, une meilleure stabilité, une meilleure motricité et une réduction des risques de chute. 
- Renforcement de l’estime et de la confiance en soi- Avec l’âge, les capacités tant physiques que cérébrales diminuent, ce qui peut affecter la confiance en soi des personnes âgées. En aidant à identifier les raisons de ce déficit de confiance en soi, en apprenant à être plus à l’écoute de leurs capacités et à mieux accepter leurs limites, la pratique de la sophrologie permet aux personnes âgées de nourrir une meilleure estime personnelle, et un plus fort sentiment de confiance en soi. Les techniques de visualisation positive et de renforcement de l’image de soi favorisent ainsi une attitude plus positive face aux défis et aux changements liés au vieillissement. 
Conclusion
La sophrologie se révèle être un véritable allié pour accompagner les personnes âgées vers un vieillissement plus harmonieux. Qu’elle soit pratiquée individuellement ou en groupe, en cabinet, à domicile, via une association, dans une maison de retraite, un EHPAD ou un service hospitalier, la sophrologie apporte détente et mieux-être au service du “bien-vieillir”.
En agissant sur le stress, la douleur, le sommeil, la mémoire, la mobilité et l’estime de soi, elle offre aux personnes âgées des outils concrets pour mieux vivre les transformations physiques et psychologiques liées à l’âge.
Bien plus qu’une simple méthode de relaxation, elle favorise un regard positif sur soi-même et sur le temps qui passe, en redonnant aux seniors confiance en leurs capacités et en leur permettant de cultiver un bien-être durable. Parce que bien vieillir, c’est aussi savoir s’écouter, s’accepter et continuer à avancer avec sérénité.



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