La sophrologie au service des enfants : les accompagner pour mieux grandir
- pmpacaud
- 16 avr.
- 6 min de lecture
Notre société actuelle est en constante mutation : innovations technologiques, nouveaux modes de vie, dématérialisation, rapport à l’information transformé, culture de l’apparence, virtualisation des échanges, bouleversements organisationnels, course à la performance et montée de l’individualisme sont autant de facteurs qui nous impactent tous, quel que soit notre âge ou notre parcours de vie. Nos enfants ne sont pas épargnés par ces changements rapides et profonds, et ils font de leur mieux pour s’y adapter, avec leurs propres capacités physiques, intellectuelles et émotionnelles.
Hyperstimulés par le flot d’informations auquel ils sont exposés, les enfants doivent traiter, modéliser, comprendre et assimiler une quantité considérable de données. Plus sollicités qu’auparavant, ils doivent répondre à des attentes parfois exigeantes, que ce soit à l’école, à la maison ou dans leurs loisirs. Mais nos enfants sont-ils pour autant plus matures ou le deviennent-ils plus rapidement ? Les nouvelles exigences sociétales et parentales, qu’elles soient physiques ou intellectuelles, sont-elles réellement en accord avec le processus naturel de développement de l’enfant ? Il est permis d'en douter.
Un constat est toutefois indéniable : les enfants d’aujourd’hui sont plus stressés, anxieux et dispersés qu’il y a quelques décennies. L’étude Enabee de Santé Publique France révèle en effet que 13% des enfants de 6 à 11 ans présentent au moins un trouble de santé mentale. Parmi ces troubles, on retrouve les troubles émotionnels (anxiété, phobies, symptômes dépressifs) qui touchent 5,6% des enfants ; les troubles oppositionnels (résistance aux règles, contestation, désobéissance, colère excessive, irritabilité) qui concernent 6,6% des enfants ; et les troubles du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, qui affectent 3,2% des enfants.
Face à ces chiffres édifiants, il est essentiel de réconcilier nos enfants avec le rythme naturel de leur développement et de les reconnecter à leurs besoins essentiels. Il est également crucial de sensibiliser et mobiliser leur entourage afin que celui-ci adapte ses exigences et évite les demandes précoces ou inadaptées. Cela permettra de diminuer chez les enfants la peur de ne pas répondre aux attentes, de décevoir ou d’échouer. Enfin, il est primordial de mettre en place des solutions pour les rassurer quant à leur potentiel et leurs propres capacités.
La sophrologie s’avère être un outil précieux pour accompagner les enfants avec douceur et efficacité dans cette période charnière de découverte du monde, de soi et des autres. Animée de manière ludique et adaptée, elle offre des moyens concrets pour aider les enfants à bien grandir, à mieux se maîtriser, à se calmer, à gagner en confiance, à retrouver le sourire et à éprouver un bien-être au quotidien.
Sophrologie et enfance : focus sur les 5-12 ans
Je vous propose dans cet article de nous intéresser plus particulièrement aux enfants de 5 à 12 ans, c'est-à-dire ceux qui évoluent en grande section de maternelle et en école élémentaire. Cette tranche d’âge est souvent appelée la "seconde enfance", qui constitue une étape essentielle dans laquelle l’enfant apprend à raisonner, à exprimer sa pensée, à socialiser, à comprendre le monde… et à se comprendre lui-même.
Pourquoi un tel parti-pris ? Déjà parce que la sophrologie est difficilement opérante sur les nouveau-nés et les nourrissons. Ensuite car c’est généralement à partir de 5 ans qu’un enfant devient capable de verbaliser ce qu’il ressent, ce qui constitue une aptitude essentielle à la phénodescription et à la pratique de la sophrologie. Enfin car à partir de 12 ans, les enfants basculent dans l’adolescence et ont des problématiques différentes qui nécessitent un accompagnement sophrologique spécifique (voir l’article sur ce sujet).
Développement cognitif, social, émotionnel : les enjeux de la seconde enfance
L’étape de la “seconde enfance” est une période cruciale où l’enfant développe considérablement ses capacités mentales, et notamment son aptitude à raisonner et à exprimer sa pensée. Il développe ses capacités de réflexion et de raisonnement logique, passant de la simple observation à la recherche de compréhension. Il accède à la capacité d’abstraction, comprenant ainsi des concepts complexes comme celui de la mort.
En grandissant, il aime de plus en plus coopérer, cherche à appartenir à un groupe et devient sensible à la justice et à l’équité. Il choisit son groupe social en fonction de ses centres d’intérêt et développe sa socialisation. Et, bien qu’il puisse rester discret sur ses sentiments, l’enfant vit ses premières émotions amoureuses et relations sentimentales.
La “seconde enfance” est aussi marquée par la construction de la personnalité de l’enfant. Il affine ses goûts, se reconnaît dans certains modèles ou repères, tout en développant ses capacités d’attention et de concentration. Doté d’une imagination foisonnante, l’enfant aime se projeter, inventer, rêver. Il élabore des scénarios fictifs et se plaît à se mettre en scène dans des univers fantastiques.
Enfin, à partir de 9 ans, l’enfant commence à vivre des transformations hormonales et corporelles importantes… souvent source de questionnements, voire d’angoisses. Il devient pudique, développe ses premiers complexes et peut rencontrer des troubles de l’attention.
Les signes du mal-être chez l’enfant : savoir les reconnaître
Les changements physiques, mentaux et émotionnels auxquels les enfants doivent faire face peuvent avoir de multiples répercussions sur leur développement personnel.
Sur le plan corporel, la période de l’enfance peut générer des troubles du sommeil, des problèmes de motricité ou des douleurs psychosomatiques. Sur le plan mental, les enfants peuvent être sujets à des troubles de l’attention, de la concentration ou de la mémorisation, à un manque d’autonomie affective, ou à une perte de motivation.
Sur le plan émotionnel, l’enfance peut être le théâtre de colères et caprices à répétition, d’une timidité excessive, d’hypersensibilité et de difficultés à gérer les émotions. Sur le plan comportemental, l’enfant peut développer des comportements agressifs, multiplier les situations conflictuelles ou s’isoler.
Quand ils se répètent et deviennent chroniques, ces troubles ne sont pas le fruit de “caprices”, mais bien des signaux d’alerte. Ils traduisent souvent un mal-être passager, un besoin d’écoute ou de recentrage.
Comment la sophrologie aide les enfants à mieux grandir
À cette période de leur vie, les enfants ont besoin d’un cadre bienveillant et sécurisant pour se sentir en confiance. Ils doivent également bénéficier d’une écoute attentive pour exprimer plus facilement ce qu’ils ressentent. Pour apprendre, mémoriser et réussir à l'école, ils ont aussi besoin d’avoir du soutien… sans pression ! Enfin, ils ont besoin d'outils concrets pour mieux gérer leurs émotions et ne pas se sentir submergés. La sophrologie, à travers ses exercices simples et ludiques, et des activités qui respectent leur niveau de développement, peut justement répondre à chacun de ces besoins.
La sophrologie pour les enfants, c’est comme une bulle de calme dans un quotidien souvent agité. Elle leur offre un espace bienveillant, accessible, ludique et sécurisé pour apprendre à se détendre et à se recentrer, identifier et exprimer leurs émotions, canaliser leur énergie, renforcer leur confiance en soi, ou encore développer la concentration et la mémoire. Les séances sont volontairement courtes, dynamiques, interactives, basées sur le jeu, l’imaginaire, la respiration ou le mouvement. Elles intègrent des supports ludiques variés : histoires, mimes, contes, dessins, relaxation guidée…
Chez les enfants scolarisés en maternelle, l’accompagnement sophrologique porte le plus souvent sur l’amélioration de la motricité, l’apaisement de la surexcitation, la gestion des caprices, les troubles du sommeil (terreurs nocturnes, cauchemars), ou encore la gestion de la séparation et l’autonomisation.
Pour les plus grands, scolarisés en école élémentaire, la sophrologie aborde les problématiques d’accompagnement au changement, d’acceptation du corps, de gestion de la timidité, ou de troubles de l’apprentissage scolaire (attention, concentration, mémorisation). Elle est aussi souvent utilisée dans la préparation mentale aux évaluations scolaires, génératrices de stress et d’anxiété. Enfin, comme pour les autres publics, la sophrologie accompagne les enfants dans la gestion de la maladie et des douleurs associées, ou encore dans la lutte contre les phobies.
La sophrologie à l'école : un atout pour l'apprentissage et le bien-être collectif
Collèges, lycées, campus, écoles supérieures… nombreuses sont les structures d’enseignement ou de formation qui proposent à leurs élèves des séances de sophrologie, des ateliers ou des interventions sur le sujet. Les écoles maternelles et primaires ne sont pas en reste, et de plus en plus d’entre elles intègrent la sophrologie dans leur projet pédagogique ou périscolaire.
À l’école, la sophrologie peut être proposée à l'initiative du directeur ou de la directrice de l’école, des enseignants, des animateurs périscolaires, ou des associations de parents d’élèves. Elle est alors pratiquée en petits groupes fermés (les participants sont les mêmes à chaque séance), pendant le temps scolaire ou périscolaire, dans un cadre bien défini. Dans les écoles primaires publiques, une autorisation de l’inspection académique est nécessaire ; dans les collèges et lycées, les chefs d’établissement sont seuls décisionnaires.
Ces interventions peuvent porter sur des thématiques ciblées : gestion des émotions, stress avant les évaluations, confiance en soi, qualité de vie à l’école…
Conclusion
La sophrologie, avec sa douceur et sa puissance, s’inscrit comme un formidable levier pour accompagner les enfants à grandir positivement, en harmonie avec eux-mêmes et avec les autres. En intégrant la sophrologie dans les écoles et en sensibilisant l'entourage de l'enfant, il est ainsi possible de développer un environnement favorable à leur croissance harmonieuse et à leur plein potentiel.
L’enfance est une aventure, faite de découvertes, d’apprentissages, d’émotions parfois intenses. Offrir à nos enfants des outils pour les aider à mieux se connaître, à s’apaiser, à s’ouvrir au monde en toute sécurité, c’est leur donner une précieuse ressource pour aujourd’hui… et pour demain.



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