Les fondements de la sophrologie : comprendre pour mieux pratiquer

Structurée selon une méthode psychocorporelle complète, exclusivement verbale et non tactile, la sophrologie fait partie des thérapies comportementales et cognitives. Employant un ensemble de techniques inspirées de différentes influences occidentales et orientales, la sophrologie repose sur des principes fondamentaux développés par le neuropsychiatre Alfonso Caycedo. Explorons ensemble ces fondements pour mieux comprendre comment la pratique de la sophrologie agit concrètement sur notre corps et sur notre mental.

Aborder la vie à travers nos ressentis

Placée au cœur de la sophrologie, la conscience est notre faculté à connaître notre propre réalité et à la juger. Dans son travail de structuration de la conscience, le professeur Alfonso Caycedo a défini 3 états de conscience.

1. La conscience ordinaire (ou conscience “voilée” ): l'individu aborde sa vie et son environnement à travers les filtres neurologiques, socioculturels et individuels  qu’il a acquis (croyances, éducation, conditionnements…).

2. La conscience pathologique (ou conscience “altérée) : l'individu aborde sa vie et son environnement à travers sa pathologie mentale ou physique (ponctuelle ou chronique) et les douleurs ou perceptions associées.

3. La conscience sophronique (ou “pleine conscience”) : l'individu aborde sa vie et son environnement à travers ses ressentis et perceptions physiques, mentales et émotionnelles. 

Dans cet état de conscience sophronique, nous sommes alors particulièrement à l'écoute de nous-même, nous prenons davantage de recul et relativisons les choses. La conscience sophronique permet de maintenir notre attention sur l'instant présent, d'appréhender nos ressentis sans jugement et d’optimiser notre perception de nous-même et du monde.

Explorer la frontière entre éveil et sommeil

La capacité d’attention de l’être humain varie entre trois niveaux de vigilance : la veille (de l’hypervigilance à l’attention sélective), le sommeil (du sommeil léger au sommeil paradoxal), et le coma (du coma léger au coma dépassé). La sophrologie introduit un quatrième niveau de vigilance :  le niveau sophroliminal.

Situé à la frontière entre éveil et sommeil, c’est précisément à ce niveau de vigilance que nous traversons chaque jour au moment de l’endormissement ou du réveil, que nos mécanismes de défense psychique et nos filtres sont amoindris. Nous avons alors accès à notre conscience sophronique. La pratique de la sophrologie permet justement l’induction volontaire de cet état pour favoriser éveil et épanouissement. Le niveau sophroliminal permet alors d'accéder et de stimuler la mémoire, de développer les perceptions internes et externes, de prendre du recul, de relativiser, de se connaître ou de se reconnaître, de s'écouter et de s'accepter.

Vivre et intégrer nos ressentis

La sophrologie s’appuie sur la loi dite de la “vivance phronique” qui constitue l'ensemble des ressentis physiques, mentaux et émotionnels vécus au niveau sophroliminal. Le terme « vivance » pouvant paraître un peu barbare, pour simplifier nous pouvons parler des « expériences vécues » au niveau sophroliminal. Cette loi énonce que ce sont les ressentis que nous vivons dans la conscience sophronique qui permettent nos prises de conscience. Cette expérimentation des ressentis est engendrée par les suggestions faites par le sophrologue et s'intègre corporellement et mentalement grâce à des temps de pauses silencieuses.

Répéter pour consolider

La sophrologie s’appuie également sur la loi dite de la “répétition vivantielle” qui énonce que c'est la répétition d’expériences vécues au niveau sophroliminal ayant la même intention qui consolide la prise de conscience. Cette consolidation se déroule en 3 phases : la découverte (nous découvrons nos ressentis physiques, mentaux et émotionnels), la conquête (nous précisons nos ressentis), et enfin la transformation (nous intégrons ces ressentis). Elle peut se vivre à l'échelle d'une même séance de sophrologie, mais aussi séance après séance. La durée de ces phases varie selon les individus et les temps d'entraînement. 

Se focaliser sur le positif

Le principe d’“action positive” repose sur l’idée que chacune de nos actions, pensées ou ressentis positifs influencent favorablement notre corps et notre mental, et engendrent à leur tour du positif, constituant alors un cercle vertueux au service de notre prise de conscience. En effet, chaque fois que nous ressentons du plaisir ou de la satisfaction, nous sommes enclins à reproduire les comportements ou à revivre les situations qui nous ont été plaisantes. Ceci est principalement dû au système de la récompense situé dans le cerveau. 

Il ne s’agit naturellement pas d’ignorer le négatif mais plutôt de trouver du positif dans chaque expérience. La sophrologie nous apprend donc à nous focaliser sur la dimension positive de situations passées, présentes ou futures afin de générer des ressentis positifs. Ces derniers nous permettent alors de nous rassurer, de prendre conscience de notre potentiel et de développer ainsi de nouvelles capacités.

Ajuster notre perception de nous-même

La sophrologie encourage l’intégration du schéma corporel, qui se définit par la représentation globale et personnelle de tout ce qui nous constitue en tant qu'individu, tel que nous nous percevons (enveloppe physique, émotions, intelligence, réflexion, intuitions, valeurs,…). Mais la perception que nous avons de nous-même diffère bien souvent de ce que nous sommes réellement. La sophrologie va donc nous apprendre à percevoir puis à écouter notre corps et nos ressentis physiques, mentaux et émotionnels pour disposer d’une représentation plus juste de nous-même. C’est ce qu’on appelle le principe d’intégration du schéma corporel. Cette intégration est permanente car la représentation de nous-même évolue à chaque instant. Elle permet progressivement d’améliorer l’estime de soi et la confiance en soi.

Voir les choses telles qu’elles sont réellement

Le principe de réalité objective consiste à percevoir les choses, les autres et soi-même telles qu’elles sont réellement, sans interprétation, sans jugement, ni à priori. En cultivant cette prise de recul, la sophrologie va nous apprendre à accueillir notre environnement et les personnes qui nous entourent avec bienveillance et sans jugement. Cette capacité à vivre l’instant présent tel qu’il se présente, va nous permettre d’acquérir une meilleure connaissance de nos besoins et de nos capacités, et de nous adapter plus facilement aux différentes situations du quotidien. 

A travers ces principes, la sophrologie offre des outils concrets pour explorer ses ressentis et développer notre prise de conscience. Pour celles et ceux pour qui ces principes peuvent paraître difficilement atteignables, rassurez-vous : le sophrologue est là pour vous guider dans votre démarche sophrologique. Surtout, il saura se mettre à l’écoute de vos aptitudes physiques, psychiques et sensorielles, de vos besoins et de votre environnement pour adapter la pratique et les exercices à votre réalité, vos contraintes et votre rythme. Alors… prêt à passer à la pratique ?